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Amitié ? Oui on connaît

René Grosbusch et Lucien Elsen sont des amis de longue date, unis par la passion et une connexion rarement égalée. L'interview ci-dessous souligne l'affection que les deux hommes portent l'un pour l'autre.

Quel est le secret de la longévité de votre amitié?

René Grosbusch : Aujourd’hui et à notre âge, il faut savoir ce que nous voulons, mais surtout savoir ce que nous ne voulons plus. Il faut savoir dire stop et nous n’avons plus envie de nous donner du mal pour plaire à Pierre, Paul ou Jacques.

Lucien Elsen : Mais plutôt faire plaisir à Jacqueline ou à Colette ! (ndlr la femme de René Grosbusch).

RG : Nous avons une relation exceptionnelle et il pourrait sembler que nous nous côtoyons tous les jours. Or nous ne nous voyons pas autant que nous le souhaiterions mais depuis le premier jour de notre rencontre le coup de foudre continue.

LE : J’ai rencontré René en 1983 au marché matinal de Bruxelles à trois heures du matin. Il y venait avec sa petite camionnette. Comme je tenais mon restaurant

là-bas, je faisais toujours mes courses après mon service. Lui, il venait pour y installer son étal et je me suis dit, tiens un luxembourgeois, allons lui parler.

RG : Nous avions un fournisseur d’herbes en commun. Lucien venait avec son petit chariot et faisait son choix. Et puis, Lucien n’était pas comme tout le monde : quand tu le vois, tu sens que c’est une personne très expressive. Il faut se souvenir que j’étais en début de service, tout frais et en pleine forme. Lui arrivait en fin de service et souvent après un verre. J’ai entendu qu’il parlait luxembourgeois. Nous nous sommes parlés la première fois et depuis nous ne nous sommes pas perdus de vue.

LE : Je t’avais d’ailleurs dit qu’après mon voyage aux Etats-Unis, je deviendrai ton client au Luxembourg et ça s’est fait.

RG : Et il est client depuis le premier jour qu’il est au Luxembourg, où il a ouvert le premier restaurant végétarien, le Mesa Verde.

LE : Et oui, toute une histoire. Plus les fêtes...

Comment gérez-vous à la fois votre relation amicale et celle de client-fournisseur ?

LE : Elles sont basées sur l’authenticité, le respect. Il n’y a jamais d’histoires entre nous.

 

RG : Mais il y a aussi quelque chose de plus profond, ça vient du ventre et pas de la tête. Je pense que lorsque nous nous voyons, ce sont des moments de bonheur et encore une fois nous n’avons pas besoin de nous téléphoner sans cesse pour ressentir ces sentiments. Mais c’est à chaque fois un grand moment et c’est très spécial.

LE : Et puis notre connexion s’étend à la famille aussi. Je suis toujours très heureux de voir Goy et Lynn, ou ta femme.

 

RG : Les enfants sont toujours enchantés d’aller au Mesa Verde car il y organise des soirées excep- tionnelles. Ils ont découvert que nous étions amis depuis 35 ans. C’est de la folie.

LE : Et ass geckeg.

Comment entretenez-vous cette relation ?

RG : Nous avons énormément de points communs : l’énergie, la positivité. Nous sommes tous deux de grands optimistes et de bons vivants aussi.

LE : Nous ne nous jugeons pas.

 

RG : Nous respectons et aimons les gens.

LE : Et les femmes (rires)

RG : À personnages atypiques relation atypique.

LE : La dernière fois que je suis allé à la piscine, arrêté à un feu rouge René m’a donné une barquette de fraises.

 

RG : De framboises !

LE : Ok, de framboises. Et bien voilà, ces framboises ont maintenant une histoire. Ce ne sont plus de simples framboises, elles ont un esprit, une énergie.

RG : Je pense pouvoir dire, et Lucien peut valider, que nous pouvons penser à la place de l’autre, tellement nous sommes sur la même longueur d’ondes.

LE : Oui je valide.

Comment définiriez-vous l'autre en 3 mots ?

LE : Beau, authentique et énergétique.

 

RG : Plus beau, unique et sportif. Si demain, je dois choisir une personne, à part mes enfants et ma femme, pour vivre seul sur une île déserte, je choisis Lucien sans hésiter.

Vous avez évolué ensemble professionnellement. Cela vous-a-t-il soudé ?

 

RG : Lors de notre rencontre, nous étions petits au niveau professionnel.

LE : Nous nous sommes rencontrés dans un moment d’innocence. À cette époque, je ne savais même pas comment mon restaurant allait fonctionner à Bruxelles. Il y avait une énergie, une fraîcheur en nous. Nous l’avons toujours je pense.

RG : Oui, nous ne l’avons pas perdue, et ni brûlée. Une chose très importante à souligner : nous avons tous les deux une bonne hygiène de vie. Nous nous sommes toujours donné suffisamment de mal pour rester en forme, mentalement et physiquement.

LE : La discipline est la base de beaucoup de nos points communs.

RG : Nous avons suivi deux voies totalement différentes et pourtant nous sommes tellement proches. Au final tout se ressemble. Mais pour revenir à l’hygiène de vie, il s’agit de la nutrition, du sommeil et du sport. Ce n’est pas pour ça que nous ne faisons pas la fête. Nous profitons tous deux, mais nous nous prenons au sérieux quand c’est nécessaire, et nous laissons aller lorsqu’il faut décompresser.

LE : Il faut également donner assez d’espace à soi afin de se renouveler et récupérer. C’est très important, car nous voyons tellement de gens de notre génération qui sont passés à côté de leur vie. La pas- sion doit être omniprésente. Nous aimons la vie et avons tous deux des objectifs qui nous passionnent et nous motivent car nous savons que nous pouvons les atteindre. Ma base se situe au restaurant mais j’ai plusieurs facettes à ma vie, mon spectacle de clown constitue un bon exemple. L’énergie gagnée dans le spectacle je la ramène aussi au restaurant. Nous avons toujours faim de rencontres, de découvertes et de challenges.

RG : Comme Steve Jobs, nous restons affamés et fous. Pour Lucien et moi la retraite ne fait pas partie de notre vocabulaire.

Si Lucien était un fruit ou un légume, lequel serait-il ?

 

RG : Un piment comme légume. Pour le fruit, il y a de l’exotisme chez Lucien donc la papaye. La papaye est peu connue, mais une fois goûtée avec un peu de citron vert c’est le bonheur, tout comme avec Lucien.

LE : J’aime beaucoup la papaye !

Si René était un plat, lequel serait-il ?

 

RG : Je peux t’aider. Je suis l’Extase des Sirènes du Mesa Verde. C’est le plat préféré de mon épouse et le mien car il est composé de beaucoup de nos produits.

LE : Je suis très heureux que tu t’identifies à ce plat.

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